Carnet de route

Week-end Alpinisme Vercors : Les 3 Pucelles, Arêtes du Gerbier, Mont Aiguille
Sortie : 3 jours d'alpinisme du 12/07/2025
Le 12/07/2025 par Chris
Prologue : L'Appel de la Montagne
Quand Olivier – aussi appelé le boss – a lancé son invitation pour un week-end dans le Vercors, nous étions loin d'imaginer l'épopée rocambolesque qui nous attendait. Le boss et cinq alpinistes en herbe qu'il a formés, trois jours de grimpe, et suffisamment d'anecdotes pour alimenter les soirées du club jusqu'à la fin de l'automne.
Premier Jour : Les Trois Pucelles et les Leçons de Bienveillance
L'Aube des Guerriers
5h30 du matin. Le minibus du club avale les kilomètres vers Saint-Nizier dans un concert de ronflements et de grognements matinaux. Olivier, notre guide suprême, consulte religieusement son topo comme un prêtre ses écritures saintes. Les cordées sont formées : Olivier fait équipe avec Christophe, Mickaël s'acoquine avec Yohann, et Rémy se retrouve avec Nicolas, surnommé affectueusement "le percheron" pour des raisons que vous comprendrez bientôt.
Le programme du jour ? La traversée des Trois Pucelles : la Petite Pucelle, la Grande Pucelle et la Dent de Gérard. Des noms qui prêtent à sourire et qui annoncent déjà la couleur de cette aventure haute en couleur.
La Salle à Manger : Premier Service
Après une marche d'approche qui réveille définitivement les mollets engourdis, nous voilà au point baptisé "La Salle à Manger". Le nom est évocateur, mais l'ambiance sera plutôt celle d'un fast-food bondé un samedi soir. Devant nous, un groupe d'alpinistes monopolise la voie avec une technique... disons... artisanale.
Nous assistons alors à un spectacle digne des plus grands théâtres de boulevard. L'une des protagonistes principales, une certaine Claude, se fait apostropher par ses compagnons avec une délicatesse toute alpine. "CLAUDE, DONNE DU MOU !!!" Les cris résonnent dans toute la montagne, faisant fuir les chamois et réveillant probablement les marmottes du secteur.
Le clou du spectacle arrive quand nous observons leur technique révolutionnaire de montage de relais : une chaîne de mousquetons digne d'un spectacle de Noël, mais apparemment fonctionnelle. L'art n'a pas de limites, même en montagne.
L'Arête Facile... Enfin, Presque
Une fois la voie libre (Claude ayant enfin compris le concept du mou), nous nous élançons sur l'arête facile. Un rappel de 10 mètres nous mène au pied de la Grande Pucelle, que nous remontons par un pas coté 4c/5a. Pour les non-initiés, c'est comme dire qu'escalader un mur de parpaings mouillés avec des moufles, c'est "plutôt facile".
Nicolas, notre percheron, démontre une fois de plus que la force brute peut parfois suppléer à l'élégance technique. Il gravit les passages comme s'il montait un escalier de cave, avec une régularité métropolitaine qui force le respect.
La Brèche Thorant et les Cours de Bienveillance
Après une descente et un rappel de 15 mètres, nous voilà à la Brèche Thorant. C'est là que nos amis nous offrent un nouveau spectacle éducatif. Les encouragements pleuvent avec des formules comme : "mais vas-y, mets-moi ce cul dans le vide", ou encore : "vous n'allez quand même pas vous mettre à trois pour dévisser un mousqueton". Une pédagogie bien particulière, mais passons.
La Dent Gérard nous accueille avec un pas de 4c plus impressionnant que difficile. Olivier, dans son rôle de leader, nous guide avec la patience d'un instituteur de maternelle, expliquant chaque mouvement avec une précision chirurgicale.
Premier Soir : L'Art de la Socialisation Alpine
Le Camping et ses Mystères
L'installation des tentes au camping relève du génie civil. Chacun développe sa propre technique : Olivier, méticuleux comme un horloger suisse ; Mickaël, créatif comme un artiste moderne ; Nicolas, efficace comme un tracteur. Le résultat forme un petit village de toile aux architectures douteuses mais fonctionnelles.
Le Restaurant et la Rencontre du Troisième Type
Direction le restaurant local pour des burgers qui promettent d'être bien fournis et accompagnés. L'établissement ne ment pas sur la marchandise : les assiettes arrivent généreusement garnies, à la hauteur des appétits creusés par l'effort.
C'est là que Yohann et Christophe font la connaissance d'un traileur local, personnage haut en couleur qui agrémente involontairement la salade d'accompagnement de ses projections enthousiastes. La soirée se prolonge dans une ambiance bon enfant autour de discussions sportives animées.
Deuxième Jour : Le Gerbier et les Mystères de la Cohabitation
Réveil aux Aurores
4h30 du matin. Le réveil sonne avec la délicatesse d'un marteau-piqueur. Objectif : traversée des arêtes du Gerbier depuis Prélenfrey. Les cordées se reforment avec une petite variante : Olivier s'adjoint Rémy le costaud et Christophe, tandis que Mickaël fait équipe avec Nicolas et Yohann.
Un détail piquant de ce réveil matinal : Mickaël et Rémy émergent de la même tente. L'explication officielle ? Une sombre histoire d'avarie de tente pour Mickaël sous la pluie. Nous nous gardons bien de poser des questions indiscrètes. Après tout, ce qui se passe en montagne reste en montagne, n'est-ce pas ?
L'Approche : Quand la Tortue Rencontre le Lièvre
Arrivés au parking, l'approche débute à bon rythme. Christophe ouvre la marche pour imprimer le rythme. Derrière lui, le groupe s'étire comme un accordéon, avec Nicolas qui ferme la marche avec son allure de percheron. Régulier, il avance à son rythme, transformant chaque montée en leçon de constance.
Le sentier marqué orange-saumon nous guide vers les crêtes. Couleur étrange pour un balisage, qui donne au paysage des allures de coucher de soleil permanent.
La Double Brèche
Une fois à la Double brèche, petite déception : les 30 mètres d'escalade sur du bon rocher promis dans le topo brillent par leur absence.
Il n'y aura pas beaucoup d'escalade verticale aujourd'hui. Qu'à cela ne tienne, l'arête intégrale nous attend avec ses propres surprises.
L'Arête et ses Accessoires de Toilette
L'arête nous réserve un parcours original parsemé d'obstacles aux noms évocateurs : un rasoir, un peigne, et un autre rasoir. Le premier rasoir ne ferait pas de mal à Mickaël - allusion directe à sa barbe de quelques jours qui commence à ressembler à un buisson ardent.
Le peigne, objet apparemment inconnu de Christophe, nécessite quelques explications techniques de la part d'Olivier. Quant au deuxième rasoir, il laisse quelques traces sur les jambes de Yohann, qui les arbore fièrement comme des médailles de guerre.
Nicolas, fidèle à sa réputation, franchit ces obstacles avec la même régularité qu'il marche : sans état d'âme, sans précipitation, mais avec une efficacité qui force l'admiration.
La section de l'arête se termine en beauté avec un rappel de 25 mètres. Moment magique où chacun peut enfin se sentir un peu Indiana Jones, suspendu au bout du fil avec vue panoramique sur le Vercors.
Le Retour : Sentier caillouteux
Le retour via le sentier du Pas de l'Oeille nous rappelle que la montagne aime finir ses journées sur une note d'humilité. Le sentier, qualifié unanimement de "dégueulasse", nous accueille avec ses cailloux casse-gueule qui transforment chaque pas en exercice d'équilibre.
Yohann développe une technique de descente qui tient du funambule, Nicolas maintient son rythme imperturbable même sur terrain instable.
Retour au Camping : Bières et Récompenses
De retour au camping, la douche prend des allures de renaissance. L'eau chaude n'a jamais eu un goût aussi divin. Les bières locales, mises au frais la veille avec une prévoyance remarquable, coulent comme nectar des dieux.
Deuxième Soirée : Le Retour du Traileur
Rebelote pour le dîner au restaurant. Notre traileur vieux et sec est fidèle au poste, mais cette fois-ci sans postillon. Progrès notable qui permet de savourer pleinement les ravioles locales, spécialité du coin servie avec sourire.
Troisième Jour : Le Mont Aiguille, la Montagne Inviolable
Les Légendes du Matin
Même composition de cordées que le premier jour. Olivier et Nicolas, nos historiens de service, nous régalent durant l'approche de récits d'antan concernant le Mont Aiguille. Histoires d'échelles, d'huissiers et de nymphes qui donnent à ce sommet mythique une aura de mystère. Pas clair, nous irons voir sur place.
L'Approche : Calme Avant la Tempête
Depuis le camping, le rythme est plus calme que la veille. L'expérience des deux premiers jours a enseigné la patience et l'économie d'énergie. Le groupe avance comme un organisme unique, chacun ayant trouvé sa place dans ce ballet montagnard.
La Montagne Inviolable
Le Mont Aiguille apparaît devant nous, au-dessus de nous, imposant comme un défi lancé au ciel. La montagne inviolable nous attend, avec ses parois vertigineuses et sa réputation de forteresse naturelle.
L'approche technique commence. Olivier prend la tête, distribuant les conseils avec précision. Chaque longueur tirée est un bonheur pur, un dialogue entre l'homme et la roche qui rappelle pourquoi nous sommes là.
L'Arrivée au Sommet : Surprise et Émerveillements
L'arrivée au sommet réserve une surprise incroyable : un plateau nous attend. Pas de nymphes comme dans les légendes, mais des bouquetins magnifiques, pas farouches du tout, qui nous observent avec curiosité.
Le sommet offre une vue sur le Vercors, notamment le Grand Veymont.
La Descente : L'Art du Rappel
La descente s'effectue par un enchaînement de rappels. Le dernier, magnifique, bien long, bien esthétique, offre une dernière fois cette sensation unique de voler au-dessus du vide.
Rémy, dans un élan de communication alpine, lance la formule rituelle : "LIBRE !" pour prévenir que le rappel est libre. Sa voix puissante résonne dans toute la montagne, faisant écho aux "CLAUDE, DONNE DU MOU !" du premier jour.
Retour au Camping : Derniers Moments
Le retour au camping s'effectue à bon rythme sur le sentier d'approche. Chacun savoure ces derniers moments en montagne, sachant que dans quelques heures, il faudra retrouver la civilisation et ses contraintes.
L'empaquetage des affaires se fait avec cette mélancolie particulière de la fin des vacances. Les tentes disparaissent, les sacs se remplissent, et le petit village temporaire que nous avions créé se dissout comme un mirage.