Départ prévu à 7h45…On l’a dit hier au brief, autour de la traditionnelle bière, de retour au refuge. Celle bière que tout le groupe du week-end multi-activité d’hiver a savouré après une belle journée dehors : les skieurs de randonnée et les cascadeurs de glace.
Là, il est 7h45 justement et ça s’agite dans la pièce du bas du refuge des Contamines. Vers mon sac, étalé sur le banc, le pic-nic du midi fourni par le gérant sympa du refuge : un sandwich, un muffin, une barre de céréales et …un oeuf dur.
J’observe l’oeuf et je me dis : « toi, il va absolument falloir que tu sois mangé avant la descente, sinon, je ne donne pas cher de ta coquille et de ton état ». Le ski de rando implique une seule descente et lors de cette seule descente, les chutes ne sont pas exclues dans mon cas.
L’oeuf dans le sac, les sac dans le camion, casés par un habile Tétris dont seuls les encadrants du CAF ont le secret et nous voilà partis vers le parking Notre Dame de la Gorge. Aujourd’hui il y a une groupe raquettistes et deux groupes de randonneurs à skis. Notre groupe, composé de Vincent qui encadre, Priscille, Françoise, Isabelle, Guillaume et moi, partons vers le col de la Fenêtre. Guillaume a un objectif depuis la sortie de Chamrousse de décembre 24 : faire un bon 1000m de D+. Donc on s’équipe, dans cette concentration religieuse typique des sorties CAF, qui va si bien au lieu Notre Dame de la Gorge. On part on faisant claquer chaussures de skis et bâtons au sol, en longeant les mignonnes petites chapelles qui nous mènent à la voie Romaine. Je profite de ce moment de procession pour faire un petite prière interne pour mon oeuf « pourvu que je ne ne chute pas avant de l’avoir mangé… ».
On attaque la voie Romaine mi-cailloux, mi-glace saupoudrée d’une très fine couche de neige, objectif 1000D+. Le groupe d’Aline qui part vers le col de la Cicle chausse les skis avant nous et déjà on ne les voit plus. Nous, on chausse un peu plus loin sur une confortable couche de neige et nous voilà partis dans la forêt bucolique. On avance bien, sous un beau soleil de début mars et on enlève régulièrement des couches de vêtements comme des oignons qu’on pèle (à un moment, ça s’arrête évidemment!!).
Guillaume a un autre objectif : faire des conversions. Moi aussi je les attends, j’ai bien envie de les perfectionner un peu.
Les voilà enfin qui arrivent ces fameuses conversions, pour gravir cette belle pente à bien moins de 30 degrés (c’est ce que j’ai cru comprendre hier…) qui va nous mener directement à ce fameux col de la Fenêtre. On repète le geste pendant que Vincent repète « ramène ton genoux, ramène ton genou, ramène ton genou!! ». C’est un peu méditatif cette pratique des conversions, je suis tout à cette technique et j’en oublie mon oeuf. Priscille, surnommée pour l’occasion « Fend la bise » nous met une bonne longueur, j’ai dû avaler vite fait le muffin glucidique pour la rattraper. Sur la fin, je me demande si on ne m’a pas menti, si la pente ne fait pas 60 degrés en fait? Je case une petite chute que je crois discrète, mais Vincent à l’oeil partout. On arrive tous ravis au col avec vue à 360 degrés, c’est magnifique et c’est le parfait endroit pour déchausser, « dépeauter » (on dit ça dans le milieu!), pic-niquer et regarder passer le collant-pipette qui en est surement déjà à 3000m de D+….
Dans l’émoi de la vision du collant-pipette, j’en oubli de manger mon oeuf. C’est déjà le moment de redescendre. Quand faut y aller, faut y aller me dis-je et je me jette dans cette pente à 90 degrés, un vrai mur
