Carnet de route

Week-end de rêve aux Calanques : Escalade, Trail et Rando !

Le 08/11/2025 par Chris & Nico

Prologue à l’aube

8 novembre 2025, il est 6 heures du matin. Pendant que Mâcon dort encore, dix-huit âmes courageuses (ou inconscientes, le débat reste ouvert) s’entassent dans deux camions neuf places.
Enfin, dix-sept plutôt, car Jordan – l’invité surprise de dernière minute – n’a pas eu la chance de goûter à l’intimité olfactive d’un véhicule de transport collectif après cinq heures de route.

Le convoi s’ébranle dans la nuit froide de novembre.
Direction : les Calanques pour ce week-end prolongé du 11 novembre.
Mission : survie en mobile home et activités multiples.
Pronostic vital : incertain.

Dans l’un des camions, soigneusement arrimée entre les sacs à dos et les cordes d’escalade, trône une tireuse à bière. Oui, une tireuse. Parce qu’au CAF Mâcon, on a des priorités. Et ces priorités ont de la mousse.

Mais avant de foncer vers le Sud et ses promesses méditerranéennes, un arrêt s’impose à Valence. Là, tel un Jedi égaré dans une galaxie parallèle, nous attend Luc.
Luc Ski Walker pour les intimes. La version Wish du célèbre guerrier intergalactique. Pourquoi Ski Walker ? Tout le monde comprend la référence. Absolument tout le monde. Aucun problème générationnel ici, n’est-ce pas ?

L’installation : trois royaumes pour un camping

Le camping d’Aubagne nous accueille avec ses trois mobile homes. Trois royaumes distincts, trois identités forgées dans le bitume provençal :

• Le Refuge – quartier général des organisateurs, les légendaires Vincent l’Ultra-Actif et Alex le GOAT (nous y reviendrons), mais aussi Nico, Chris, Yohann et Olivier. Atmosphère : efficacité militaire mâtinée de second degré.
• La Belle Équipe – mystérieux assemblage dont les contours restent flous mais dont l’imagination débordante se révélera lors de la soirée du lundi.
• Les Spice Girls – oui, vous avez bien lu. Non, nous ne donnerons pas plus de détails pour l’instant. Le suspense, c’est important.

Samedi : la grande dispersion

Trois groupes. Trois philosophies. Trois manières radicalement différentes d’appréhender le massif du Garlaban et ses environs.

Groupe 1 : Les Ultra-Quelque-Chose

Vincent l’Ultra-Actif – comprenez : celui qui court un marathon avant le petit-déjeuner et trouve ça relaxant – emmène Marie, Aurélien et Renaud sur les sentiers du Garlaban.
Trail au programme. Traduction pour les non-initiés : courir sur des cailloux en montée tout en faisant semblant que c’est agréable. Marie, Aurélien et Renaud ont dû se demander à un moment précis de la journée pourquoi ils avaient signé pour ça. Mais l’orgueil étant ce qu’il est, personne ne l’avouera jamais.

Groupe 2 : Les Contemplatifs Raisonnables

Luc Ski Walker, fraîchement débarqué de Savoie, encadre Priscille, Isabelle aux cheveux argentés – parce que l’argent est une couleur qui se mérite –, Yves et Patrick Hendrix. Oui, Patrick Hendrix. Non, pas ce Hendrix. Quoique… nous y reviendrons également.
Randonnée classique, allure raisonnable, discussions philosophiques sur la vie, l’univers et le reste. Bref, une journée presque normale.

Groupe 3 : Les Grimpeurs du Crépuscule

Et puis il y a eux. Les neuf mercenaires de Cap Canaille. Encadrés par Alex le GOAT (Greatest Of All Time, pour ceux qui vivent sous un rocher depuis vingt ans) et Anne-Laure !!!! – oui, quatre points d’exclamation, c’est la règle, nous n’en discuterons pas – ce groupe réunit Chris, Nico, Yohann (et sa polaire affectueusement appelée “l’ancienne couverture du chien d'Yves”), Olivier, Jordan, Daniel et Laurence.
Leur programme ? Rando-escalade à Cap Canaille.
Leur résultat ? Finir à la frontale après avoir testé toutes les vires du secteur.
TOUTES. Même si elle n'est pas dans le topo !
​Anne-Laure !!!! et Alex le GOAT ont vraisemblablement décidé que rentrer à une heure raisonnable était pour les faibles. Le groupe, probablement trop poli pour protester, a suivi. Dans le noir. Avec des frontales. Parce que ça, c’est de l’aventure, camarade.

Samedi soir : le quiz de la vérité

Le Refuge frappe fort dès la première soirée. Animation à la grande tente collective : un quiz. Mais pas n’importe quel quiz. Un quiz en quatre thèmes soigneusement sélectionnés pour maximiser à la fois le plaisir intellectuel et l’humiliation publique :

• Écologie / Environnement
• Culture CAF
• Culture Montagne
• Technique

Humour et rigueur au rendez-vous. Beaucoup de rires. Et une révélation glaçante : un ancien président du club – dont nous tairons charitablement le nom – s’est révélé incapable de répondre aux questions de Culture CAF.
INCAPABLE.
Un ancien PRÉSIDENT.
Le silence qui a suivi cette découverte était assourdissant. On aurait entendu un mousqueton tomber. On aurait peut-être dû lui donner les réponses en MP avant le quiz… Le principal intéressé ne semble pas s'en soucier. Ça lui en touche une sans faire bouger l'autre, parole d'ancien président.

La soirée se poursuit tranquillement. Enfin, « tranquillement » est un grand mot.
Vers minuit – oui, minuit – Vincent l’Ultra-Actif part chercher Isabelle la Yogiste.
Vincent revient. Et retrouve quelques acolytes d’after party au Refuge. Cannettes. Rires. Conversations dont personne ne se souviendra le lendemain. Tout ce qui fait le sel d’un week-end réussi entre alpinistes responsables et matures.

Dimanche : En Vau tu, en voilà

La calanque d’En Vau. Destination mythique. Beauté à couper le souffle. Touristes en short et tongs qui vous regardent passer avec votre sac et votre baudrier en se demandant si vous êtes perdus.

Départ à pied avec tout le groupe. Enfin, presque tout le groupe. Parce que trois pirates – et nous employons ce terme avec toute l’affection qu’il mérite – ont décidé de faire sécession pour partir à l’attaque d’une grande voie. Mutinerie en règle. Trahison. Mais bon, c’est l’esprit de famille du CAF : chacun fait comme il veut tant qu’il revient vivant.

Pour les autres, rando-escalade au programme. Deux rappels sont tirés. Et c’est là que Vincent l’Ultra-Actif révèle sa véritable nature de stratège militaire sans pitié.

Premier rappel. Vincent évalue la situation. Regarde Chris. Regarde la dalle peu pratiquable en contrebas. Regarde à nouveau Chris. Et prend sa décision : « Chris, tu y vas en premier. »

Chris, envoyé au casse-pipe. Dans la fosse aux méduses. Ou presque. Réception sur une dalle peu pratiquable, probablement conçue par Satan lui-même pour humilier les grimpeurs. Tout ça pour gagner du temps.

L’efficacité avant la compassion. Du pur Vincent.

Mais que voulez-vous, les points de vue sont incroyables. Le pique-nique face à la mer au soleil fait vite oublier les traumatismes du rappel.

Dimanche soir : yoga et contorsions

Soirée raclette. Évidemment. Parce qu’il n’y a pas de week-end CAF réussi sans fromage fondu en quantité industrielle.

Mais avant de se goinfrer, animation organisée par les Spice Girls : challenge devinette Yoga.

Oui. Vous avez bien lu. Challenge. Devinette. Yoga.

Le concept ? Reproduire des postures de yoga et faire deviner lesquelles. Simple, non ?

Les résultats ? Souplesse… relative. Beaucoup de rires. Énormément de rires. Des rires qui témoignent moins de la maîtrise du yoga que de son absence totale. Mais l’important, c’est de participer.

Après la raclette, certains sbires du Refuge poussent tard. Très tard. Une Chouffe – cette bière belge qui fait les amitiés solides et les réveils difficiles – avait été mise par erreur au congélateur. Elle a finalement dégelé. Miracle de la thermodynamique ou signe du destin ? Le débat philosophique reste ouvert.

Lundi : l’apothéose de la dispersion

Quatre groupes. Nous atteignons des sommets dans l’art de la fragmentation collective.

Groupe 1 : Les Fous Furieux

Trail avec traversée complète des Calanques. Environ 30 kilomètres. Environ 2000 mètres de dénivelé. Terrain technique avec cailloux.
En d'autres termes, c'est tout simplement une journée entière à courir sur des pierres pointues en se demandant pourquoi on a choisi ce sport plutôt qu’un autre, plus raisonnable, comme le tir à l’arc ou les échecs.

Groupe 2 : Les Presque Raisonnables

Randonnée avec traversée partielle des calanques.
Même chemin, même décor, moitié moins de masochisme.
Équilibre parfait.

Groupe 3 : L’Ehpad Vertical

Escalade en grande voie à La Grande Candelle par l’arête de Marseille. Encadrement : Anne-Laure !!!! et ses – attention, accrochez-vous – « pensionnaires de l’Ehpad ».
Oui. Ce sont ses mots !!!! Ses propres mots !!!!
Anne-Laure !!!! a donc officiellement renommé son groupe « l’Ehpad ». Les intéressés ont-ils protesté ? Nous ne le saurons jamais. Mais le groupe était très soudé. Beaucoup d’émotion. Notamment lors du fameux pas dans le vide mythique de cette voie.
Ce moment où tu poses ton pied dans le néant, où tu te dis que ta vie dépend d’un baudrier, d’une corde et de la compétence de celui qui t’assure. Ce moment qui forge les amitiés éternelles ou les traumatismes définitifs. Parfois les deux.

Groupe 4 : Le Retour de la Cordée Légendaire

Escalade en grande voie à l’Aiguille de Sugiton par l’arête du Vallon. Alex le GOAT et ses disciples : Nico, notre affectueux tracteur, et Chris, désormais aussi rapide que chirurgical. Les voilà dans une Face Nord iconique des Calanques : baignée d’ombre et soufflée par le vent, elle s'est remplie d’incertitudes.
Bref, tout ce qu’on aime quand on veut se sentir vivant. Ou mort. Les deux sont proches dans ces moments-là.
Le retour de la cordée iconique du week-end multi-activités de Chamonix en mai dernier. Parce qu’apparemment, Chamonix n’avait pas suffi. Il fallait remettre ça. Dans des conditions similaires. Avec le même niveau d’adrénaline et de questionnements existentiels.
On ne soigne pas la passion. On l’entretient.

Lundi soir : anecdotes rocambolesques et mensonges éhontés

Dernière animation du séjour. La Belle Équipe décide de frapper un grand coup, avec déploiement créatif maximal.
Le concept : deviner qui, parmi les membres du groupe, est l’auteur d’anecdotes plus rocambolesques les unes que les autres.

Quelques exemples parmi les autres : 

• Chasse aux bourdons (activité méconnue mais apparemment pratiquée)
• Ascension du mont Blanc avec un missionnaire sénégalais (la spiritualité n’attend pas)
• Pilotage d’un Boeing (parce que pourquoi pas)
• Passion guitare électrique à la frontière de la concurrence avec Jimmy Hendrix (celui-là, le VRAI)
• Talents de percussionniste aux conscrits de Villefranche (Yves et son tambour, apparemment une légende locale)
• Et tant d'autres !

Oui. Patrick Hendrix. Maintenant, vous comprenez.
Les révélations fusent. Les rires explosent. Les mensonges sont démêlés des vérités. Ou pas. Parce qu’au fond, qu’est-ce que la vérité sinon une narration consensuelle temporairement acceptée ?
La soirée se termine tard. Comme toutes les autres. Surtout pour les quelques couche-tard du mobilhome "Le Refuge". Parce que le sommeil, c’est pour les faibles.

Mardi : la grande réunification

Dernier jour. Finish en beauté. Et surtout : première activité qui réunit l’INTÉGRALITÉ du groupe.
Oui. Les dix-neuf. En même temps. Au même endroit. Miracle organisationnel.
Direction : calanque de Sormiou. Escalade avec vue sur mer. Météo très agréable – ce qui, pour un week-end de novembre, relève du prodige météorologique.
Couenne au programme. Tout le monde est motivé. Voies en tête. Voies en moul’ (moulinette pour les néophytes, mais nous sommes entre gens de la montagne, alors on dit « moul’ » avec l’aplomb de celui qui connaît le jargon).
Cadre idyllique. Rocher calcaire blanc. Mer turquoise. Soleil généreux. Ambiance décontractée.
C’est beau. C’est simple. C’est parfait.
Tout le monde grimpe. Les débutants progressent. Les confirmés se font plaisir. Les égocentriques prennent des photos pour les réseaux sociaux. L’harmonie règne.
Et puis vient le moment du départ. Les sacs sont faits. Les mobile homes rendus. Les camions rechargés.

Épilogue sur l’autoroute

Retour vers Mâcon. Les jambes sont fatiguées. Les épaules douloureuses. Les souvenirs frais. La tireuse à bière est vide.
Les Calanques sont derrière nous. Mâcon devant.
Rendez-vous au prochain week-end multi-activités.
Même heure. Même chaos. Même passion.
On n'est pas des pompes à vélo, n'est-ce pas ?!

Carnet de route rédigé par deux témoins anonymes qui ont survécu aux trois soirées et dont le foie demande officiellement l’asile politique.